Les quelques pluies attendues pour la fin de la semaine ne devraient pas suffire à inverser la tendance : le département fait face à une sécheresse remarquable depuis des mois. Et certains hameaux dans la Métropole se retrouvent sous tension.
L’automne est là, et la sécheresse perdure. Le 15 septembre, la préfecture de l’Isère a placé toutes les eaux souterraines et superficielles du département « en alerte sécheresse renforcée ». Trois exceptions seulement : les eaux du Drac et de la Romanche demeurent en alerte sécheresse, tandis que l’Isère reste en vigilance. En résumé, tout le nord du département se trouve en alerte renforcé pendant que le sud reste en alerte.
Si la vigilance n’impose aucune restriction, ce n’est pas le cas de la situation d’alerte. Pour les particuliers : interdiction de laver sa voiture, de remplir sa piscine, d’arroser sa pelouse. Pour les communes : interdiction de laver les voiries et de faire fonctionner les fontaines publiques. En alerte renforcée, elles ont aussi interdiction de laver les réservoirs pour l’eau potable et de contrôler les points d’eau incendie.
Pour les agriculteurs : baisser de 15% leurs prélèvements pour l’irrigation en alerte sécheresse et de 30% en alerte renforcée. Pour les industriels : respect du niveau 1 de restriction en alerte sécheresse et du niveau 2 du plan d’économie d’eau en alerte renforcée. Bref, tout le monde doit se sentir concerné par cette situation qui dure déjà depuis des mois.
« Un déficit chronique qui se creuse »
La préfecture a classé le département en alerte sécheresse dès le 24 avril. Après un hiver 2019/2020 particulièrement sec, il n’a pas plu entre mi-mars et début mai, soit plus de 40 jours consécutifs. Du jamais vu dans cette région. En juin, quelques orages ont légèrement amélioré la situation mais en août, « la situation des nappes et des cours d’eau s’est effondrée à cause de la canicule, du vent et de la quasi-absence de pluies, rappelle la préfecture dans un communiqué. Les pluies de fin août ont accordé un répit aux milieux aquatiques mais de courte durée face à la reprise des chaleurs. Une sécheresse automnale est à craindre ».
Nous y sommes. Comme en 2017 et en 2018, la sécheresse se prolonge au début de l’automne en 2020. Et ce n’est pas les quelques pluies attendues pour la fin de la semaine qui changeront durablement la donne. Dans le territoire métropolitain, certains hameaux situés sur les coteaux se retrouvent aujourd’hui sous tension : à Vif, les quartiers de La Merlière, Girardière et Le Serf ; à Saint-Barthelemy-de-Séchilienne, le hameau du Sappey. Sur la commune de Le Gua, le niveau de la source de Jonier a fortement baissé. Et sur la commune de Claix, la zone de Savoyères est sous surveillance.
Cette situation qui se répète risque de ne plus être exceptionnelle à l’avenir. C’est la crainte qu’exprimait au printemps dernier Serge Taboulot, chef prévisionniste à Météo France : « Nous sommes confrontés à un vrai problème systémique car nous observons, année après année, que les pluies hivernales, qui sont censées recharger les nappes phréatiques, ont tendance à ne plus être assez abondantes. En fait, nous sommes face à un déficit chronique qui se creuse ».